Restauration hydromorphologique de la Brévenne
Premier grand projet pour la nouvelle session du CS TMGE (Travaux Mécanisés de Génie Écologique). Retour sur nos expériences dans la vallée de la Brevenne.
Une rivère historiquement malmenée par l'être humain
Par le passé, les cours d’eau du département et plus précisément du bassin versant de la Brevenne ont été souvent profondément modifiés et aménagés (déplacement du lit mineur, barrages, créations de biefs, curages, busages…) pour bénéficier de la force hydraulique ou faciliter l’exploitation de parcelles agricoles. Aujourd’hui, si ces usages ont pour la plupart disparus, les aménagements sont restés.
Dans le cas du cours d’eau de la Brevenne, celui-ci a été déplacé et chenalisé et contraint par des seuils dans la première moitié du 19e siècle. Ces modifications ont fortement modifié les écoulements naturels. Le lit du cours d’eau a été, contraint entre divers moyens de communication (chemin de fer, routes) engendrant une rivière devenue monotone ne présentant guère qu’un visage plat, lent et rectiligne sur la zone qui nous intéresse au nord du village de Courzieu, et en amont du lieu-dit La Brevenne.
Ils murmurent à l’oreille du cours d’eau
C’est ainsi que l’AAPPMA locale, en partenariat avec le syndicat de rivière local (SYRIBT) et avec sa fédération, ont décidé d’investir pour redonner un visage accueillant à la rivière. Pour cela, il est nécessaire de lutter contre des années de sédimentation et d’élargissement du lit du cours d’eau. L’objectif était donc d’inciter la rivière à creuser à nouveau et à provoquer une diversité de faciès et une nouvelle sinuosité. Finalement, par ces techniques, nous chuchotons à l’oreille de la rivière pour qu’elle se fasse à nouveau violence !
Réflexion – analyse- intervention
C’est là qu’interviennent les apprentis du CS Travaux Mécanisés de Génie Écologique avec pour objectif de produire des ouvrages en matériaux naturels (végétaux locaux) à même de réduire la largeur du lit et de faire serpenter à nouveau le flux d’eau. Banquettes et épis ont été choisis par nos techniciens. Il s’agit d’avancer sur le cours d’eau avec une zone piquetées dans laquelle nous accumulons des branchages attachés dont le but sera de capter des sédiments lors des crues afin que l’avancée devienne durable. Une fois l’ouvrage rempli de sédiments, nous comptons sur la végétation spontanée pour stabiliser l’ensemble (dans le cas contraire, nous bouturons des saules pour tenir la zone). La création de banquettes végétalisées en pied de berge est intéressante dans ce contexte de lit rectiligne, puisque cette technique permet de recentrer les écoulements en créant un lit d'étiage (lit en période de sécheresse) sinueux au sein du lit mineur actuel (lit normal).
De part et d’autre du cours d’eau, nous créons alors un mouvement dynamique avec ces ouvrages, renforcés par des épis (troncs solidement arnachés au lit) qui renvoient le flux et provoquent accélérations, remous, creusement et donc diversification des milieux.
La première phase réalisée l’an dernier est une réussite. Cette année, l’objectif est de faire encore mieux avec les premiers retours d’expérience : décision est prise que nous contraindrons le flux de façon plus importante afin de forcer la Brevenne à creuser encore plus.
Il s’agit d’un chantier exemplaire mettant à l’épreuve les apprentis de À à Z. Ces derniers travaillent du diagnostic initial du cours d’eau, choisissent les techniques en concertation avec leur formateur, préparent leurs propres matériaux lors d’une journée « mécanisée » : pelle mécanique et tracteur comme engins supports. Puis, force, courage et précision prennent le relais pour réaliser dans le lit de la rivière les ouvrages (banquettes et épis) de génie végétal.
Le CS TMGE, vers le plein emploi en sortie de diplôme
Il s’agit d’une grande fierté de participer à cette double aventure pour la MFR : contribuer à la restauration de la biodiversité tout en formant les futurs conducteurs d’engins et opérateurs du génie écologique. Chaque semaine les apprenants du CS TMGE, issus des bac pro GMNF, Paysage, Forêt mais aussi du BTS GPN, progressent grâce à des chantiers grandeur nature dans toute la région AURA.