La MFR « La Petite Gonthière » valorise aujourd’hui des années de partenariat avec son secteur professionnel lors de chantiers-écoles d’envergure. Ceux-ci permettent de mettre en place une pédagogie alternative qui se base sur la valorisation des savoir-faire et sur l’exécration de l’échec. Prenons l’exemple de nos interventions récentes à Millery dans les carrières du Garon.
Pour la transmission de valeurs partagées dans une équipe éducative
Comment créer des liens entre des adultes encadrants et un groupe d’adolescents en formation ? Peut-être devrait-on commencer par leur faire confiance et venir voir ce dont ils sont capables en temps réel ! C’est ainsi que chaque semaine, les élèves en bac pro GMNF (Gestion des Milieux Naturels et de Faune) sortent en chantier avec différents enseignants volontaires. Mais pas seulement ! Le chantier-école est le moment clef où l’adulte « descend de son estrade » pour mettre les mains sur des outils. Quoi de mieux que d’emmener l’AVS (Assistante de Vie Scolaire) pour créer des liens avec la promotion dans laquelle elle sera immergée durant l’année ? Une piste : mettez votre AVS (volontaire évidemment) au volant d’une camionnette remplie de matériels, équipez-la d’équipements de sécurité, faites-la pratiquer avec les élèves… et laisser agir ! C’est ainsi que nous imaginons faire réussir des jeunes, souvent lassés de la sacrosainte relation prof-élève. Ici l’enseignant devient un accompagnant dans la pratique et il n’est en aucun cas le seul à pouvoir partager avec l’élève : secrétaire, cuisinière, AVS sont associées, à la demande, à ces moments forts de la formation.
Pour une pédagogie d’un apprentissage par l’apprentissage
Et que faisons-nous pour nos collégiens me direz-vous ? Une pédagogie adaptée, par thématique, nous permet d’apporter des connaissances par le biais de visites d’entreprises, de parcs animaliers, de structures associatives dans tous les domaines professionnels. Mais aussi par le biais du chantier école ! Encore cette année, chaque classe de 3ème accompagnera un chantier des GMNF. L’idée est que les plus jeunes se rendent compte des conditions réelles du travail en extérieur mais aussi de créer une émulation autour de ces instants d’échange intense ! L'apprentissage se fait donc dans un esprit de partage et de collaboration : les terminales GMNF deviennent les « chefs d’équipe » de petits groupes de troisièmes, le tout sous l’œil expert des enseignants techniques. D’une part, la transmission de son savoir est toujours une méthode infaillible pour consolider ses compétences, d’autre part, l’encadrement est une capacité essentielle attendue dans le référentiel du diplôme (le bac pro GMNF).
Pour une immersion dans un réseau professionnel unique
Le chantier de Millery est un exemple particulièrement marquant de ce qu’est notre place aujourd’hui parmi les acteurs environnementaux régionaux. Nous sommes rédacteurs du plan de gestion de ce site magnifique, protégé, interdit au public. Mais nous en sommes également l’intervenant technique par le biais de nos élèves ! Il s’agit, autour de cette réserve d’eau, de préserver la qualité des eaux, de favoriser la biodiversité (la conservation d’espèces menacées comme le castor) et de maintenir la sécurité du site. Nous luttons âprement contre les espèces envahissantes (ailante, arbre à papillon, renouée du Japon) qui éliminent la flore locale (et donc les espèces dont les castors ont besoin pour se nourrir). Nous essayons de maintenir un maximum de paysages en mosaïque, prairies ouvertes, broussailles, landes, etc. L’idée est aussi d’abattre les arbres menaçant la clôture qui interdit le grand public de pénétrer dans ce site.
Les classes se succèdent ainsi, accompagnées par des enseignants allant largement au-delà du savoir pratique. En effet, le site fait aussi l’objet d’étude et de réflexion, notamment au travers des espèces emblématiques comme le castor.
Ainsi, c’est lors de chantiers-écoles comme celui-ci, dans et en dehors de la région Auvergne-Rhône-Alpes, que nos élèves prennent contact avec un réseau professionnel (nous rencontrons très régulièrement les commanditaires des chantiers sur le terrain) et se rendent compte des réalités du terrain ainsi que de la complexité des jeux d’acteurs.